Les étés chauds se succèdent année après année, les records de chaleur tombent les uns après les autres, les périodes de canicule s’installent et évoluent de phénomène exceptionnel à événement récurrent et suffoquant de l’été.
2003, 2005, 2006, 2017, 2018, 2019 et 2020 ont été les étés les plus enregistrés depuis 1900 !
Autrefois l’effort de réduction des consommations énergétiques, puis l’intérêt porté à la notion de confort, ne portaient que sur le comportement du bâtiment et ses usages en hiver. Aujourd’hui il apparaît bien que l’enjeu du bâtiment vivable, confortable et économe en énergie se pose l’été.
Avec le phénomène de réchauffement climatique, les températures estivales vont encore monter dans les années à venir.
Avec le souci de limiter les rejets de gaz à effet de serre de nos consommations d’énergie (pour éviter d’empirer encore la situation), comment pouvons-nous concilier économie d’énergie dans le bâtiment avec un confort accru en hiver et en été ?
Ces 2 visions (confort d’été et d’hiver) étant souvent opposées, Vincent Coliatti vous propose de concilier les deux par une approche scientifique.
Vincent COLIATTI est ingénieur thermicien spécialisé basse énergie et écoconstruction, au sein du BET Terranergie, expert en stratégie de conception passive.
Il donne par ailleurs des cours dans différentes universités et participe à des programmes de recherche dans l’efficacité énergétique dans le bâtiment – notamment sur la la mise en évidence des mécanismes et des facteurs qui influencent certains phénomènes comme la rotation, la vacance, les incivilités… (étude en cours qui mêle sociologie et ingénierie thermique), ou encore le programme PREBAT, Recherche en Efficacité Énergétique dans le Bâtiment.
Partie 1/2 - 1 heure
Partie 2/2 - 29 minutes
Merci à Vincent Coliatti d’avoir animé cette douzième bulle avec la conviction qu’on lui connaît, mâtinant approche scientifique pour ancrer les constats et réflexions ET REX pour ancrer dans une réalité ! avec donc preuve par l’exemple que c’est possible ! et avec l’impératif de FORMER les gens
Avec l’enjeu central de la méthode : avoir une approche globale, avec l’utilisateur au centre des préoccupations, les questions d’efficacité énergétique étant connexes et venant après celles de confort des habitants, de “vivabilité” de nos intérieurs et de limitation des rejets de gaz à effets de serre.
Et on se souviendra des clins d’œil à Jean Giroudoux puis Hubert Reeves : la guerre des 3 vitrages n’aura pas lieu !! et le fameux PFH Putain de facteur humain !
C’est le bâtiment qu’il faut adapter à l’usage, et non contraindre l’habitant au fonctionnement de son bâtiment, aussi performant qu’il soit
Vincent Coliatti nous rappelle l’importance de délier le vrai du faux dans des discours voire des pratiques qui mélangent allègrement et parfois à dessein les concepts : merci pour son approche multidisciplinaire et globale passionnante et pertinente !
*Pourquoi devons nous avoir une vision plus globale du confort estival (à l’échelle du quartier, de la ville, de l’agglomération, etc.) ?
*Le confort thermique, pièce maîtresse d’un bâtiment passif
*Surchauffe ! quand la température dépasse 25 degrés plus de 10% du temps de l’année
Objectif du passif : 0 à 5% du temps passé au dessus de cette température.
*L’approche adaptative du confort humain corrèle la température intérieure estivale avec la température extérieure : le point de bascule se situe autour 34 degrés.
Dès qu’on dépasse 34 degrés cela devient compliqué pour notre corps …
*Pourquoi utiliser les termes d’hiver et d’été ? Sauf en ce qui concerne les températures extrêmes (bien entendu), il me semble qu’il faudrait concevoir des bâtiments qui fonctionnent également au « pire » moment de l’année.. c’est à dire en intersaisons, avec de possibles variations très brutales dans la même journée…
*Costard VS vêtement amples sobres qui permettent la sudation, pour favoriser l’évapotranspiration pour rafraîchir le corps
But : suer pour accentuer le phénomène d’évapotranspiration
*Mali, Turquie, Maroc, Chine… on observe la présence de l’eau, de ventilation naturelle, de jardins : historiquement on se protège du climat en se basant sur des stratégies passives. Et aujourd’hui ? Adapte-t-on la construction à on lieu ? On a oublié d’adapter la construction aux climats.
*Nos sociétés à nous ne s’adaptent pas bioclimatiquement dans les constructions récentes — et quid du confort des habitants ?
*Est ce que le graphique sur les différences de surfaces vitrées tient compte du fait que l’on peut protéger les menuiseries des rayons directs ?
Oui – toute protection solaire est efficace différemment en fonction de sa couleur, ce n’est pas du 100%
*Pourquoi ça surchauffe dans les bâtiments ? Car nous chauffons toute l’année : apports internes et chaleur extérieure
Plus on fait économes d’énergie pour éviter de jeter l’argent par fenêtre en hiver , plus ça chauffe en été (car moins de déperditions !)
*Apports internes et apports solaires avec ouvertures et parois opaques
*L‘orientation Sud (+ ou – 30°) est très importante du point de vue énergétique. Mais elle n’est pas forcément aussi efficace en terme de qualité lumineuse… Des travaux existent-ils pour tenter de définir des « bonnes pratiques » pour équilibrer ces 2 thèmes (plutôt que de les confronter) ?
*Les « bons » triples vitrages ont des facteurs solaire de 60% > ce sont des bons murs chauffant en été, pas des bon triples vitrages
*La guerre des 3 vitrages n’aura pas lieu !! (pour paraphraser Giraudoux 🙂
*Le facteur d’usage est à prendre en compte et toujours le PFH Putain de facteur humain (H Reeves)
*20% de surface vitrée maximum pour logement : en est-il de même pour un bâtiment public (école, crèche, bibliothèque…)?
> il peut y en avoir beaucoup plus, c’est difficile de répondre, c’est une approche multi paramètre. Un jeu d’équilibre complexe qui dépend du projet et de sa localité.
*Un rétro projecteur dans une classe c’est 400 kw/h de chaleur !→ les apports internes augmentent la température de 4 degrés en été.
*Les appareillages intérieurs au logement apportent de la chaleur pendant l’hiver donc participent a la production de chaleur. Par contre diminuer ces apports l’été en cherchant des équipements non émettant de chaleur. Quel choix est le meilleur?
*Vous n’avez pas parlé de l’inertie du bâtiment… n’est-ce pas un paramètre important ? Comment quantifier la quantité de matériaux à inertie forte, dans un bâtiment avec une structure légère? → le problème de l’inertie va arriver dans les années à venir !
*Peut-on réguler la température du logement individuellement ? > Oui – La température est homogénéisée entre les appartements en général dans des bâtiment passifs.
*Quelle que soit la température, les anciens adorent les points chauds (aspect culturel et « nostalgique » du poêle bois central de nos vieilles maison)… D’après toi, faut il respecter ce choix en leur offrant la possibilité d’avoir un p’tit point chaud localisé , même s’il n’y en a pas forcément besoin ?
*Tous ces bâtiments exemplaires, (bravo !) te semblent ils suffire pour initier d’autres projets de façon plus « massive » ? la démonstration suffit elle pour rassurer les autres porteurs de projets et décideurs ?
Vous pourrez retrouver les sujets que nous soulevons durant ce Bulles, dès la rentrée dans le cadre des formations certifiante et labellisées DDQE qui redémarrent :
La formation DDQE est une démarche multi-acteurs, pluridisciplinaire et transversale que nous organisons depuis 2003 dans l’optique de nous préparer à ce fameux monde d’après, en mâtinant les approches écologiques et sociétales, avec nos intervenants
& un coup de projecteur sur les deux formations courtes que nous organisons à la suite des deux Bulles de septembre :
Vous pouvez retrouver tout notre actu l’agenda de la Scop les 2 rives, par ici !
Scop les 2 rives
12 rue de St Cyr 69009 Lyon
& 15 avenue du Rhin 67100 Strasbourg
www.scop-les2rives.eu